UNAI #05: Il est où le méchant ?!

Vidéo publiée en juin 2021 sur Youtube. Les lignes suivantes ont été légèrement réécrites pour coller à mon état d’esprit de l’époque.


Pour l’épisode 5 de la web série d’animation, j’ai essayé de faire quelque chose tourné vers l’humour et l’autodérision.

Objectifs du projet

  • Le premier objectif est d’apprendre à manier, et comprendre les différents aspects techniques et créatifs de la 3D. 
  • Le second est simple: m’amuser ! 
  • Et pour finir, le challenge :)

Le projet et son originalité

Le projet vise ici avant tout un public d’enfant qui pourront s’identifier au personnage de Unai dans le dessin animé. 

Mais dans les épisodes suivants, je voudrais creer un aspect plus sombre du personnage et de l’univers. 

J’attends vos retours via les commentaires. Si vous avez quelques conseils à me donner, je suis preneur !

Quelle histoire raconter ?

Dans la vie, il y a parfois des moments ou on a besoin d’évasion. Pour certains, cette nécessité se traduit par une volonté de voyage. Pour d’autres, il s’agit de s’immerger dans une oeuvre, de lire, de voir, d’écouter, de jouer. Dans tous les cas, il s’agit de mettre tout ses sens en éveil pour se propulser dans un lieu exotique.

Ma manière à moi, c’est d’écrire, de raconter des histoires. Mais ayant été élevé dans une société où l’image est désormais plus présente que les mots, j’ajoute à mes textes des dessins, des créations visuelles, très souvent, du code. 

Ces derniers temps, j’ai ressenti la volonté de m’évader. De prendre de la hauteur et d’imaginer à quoi peut ressembler l’ailleurs qui me passionne.

Ces dernières années ont été riches en rêves: j’ai essayer d’imaginer à chaque fois des projets personnels qui me sont forts de sens. Des projets qui visent à mieux comprendre et à mieux me comprendre.

Depuis près de sept ans maintenant, je développe, en plus de ma web série UNAI, deux projets qui me semble carrément passionnant et qui me donne l’envie de créer.

Le premier est un univers de science fiction que j’ai commencé à développer autour d’un scénario (date d’il y a 9 ans). Le coeur de ce projet est la vidéo, puisque le scénario que j’ai développé est pensé comme un script de film. Il est axé sur des personnages forts, et sur une mise en scène iconique. L’écriture derrière ce projet est très personnelle, puisqu’elle reflète ma vision de nombreuses thématiques. Avec un univers monochrome et sombre, animé par des airs de jazz atypiques.

Le second est un univers de fantasy. Le projet est beaucoup plus jeune que le premier (il date d’au moins quatre ans), mais n’en demeure pas moins développé. Ce projet est un conte onirique et coloré. Il raconte l’histoire de personnages faibles qui deviennent forts, ensembles. C’est donc une sorte de romance mêlée d’amitié, de trahisons et de combats.  Ce projet là, pour le coup est différent, puisqu’il est pensé d’abord comme un univers avec quelque chose de plus chalereux.

Alors vous pouvez peut-être vous dire que tout cela fait beaucoup de travail, avec énormément de dessins, de codes, de graphismes…. Mais c’est oublié que je suis le gars qui a réussi à créer une web série en CGI en parallèle de ses études en autodidacte.

Aujourd’hui, la question que je me pose est la suivante: quelle histoire raconter.

Il y a quelques temps, j’ai eu une discussion avec quelqu’un qui m’est proche. Cette personne me posait la question que je me pose aujourd’hui. Après qu’elle m’ai expliqué ses idées (qui sont soit dit en passant géniales et audacieuses), je n’avais alors pas su répondre à la question.

Aujourd’hui, je me retrouve dans son cas.

Je vous épargnerais les tenants et aboutissants de ma réflexion, mais il y a malgré tout une notion qui m’interpelle: l’auteur. A quel point j’ai envie que l’histoire me soit personnelle ? 

On arrive à la finalité de mon cheminement de pensé: aujourd’hui, je suis à un moment de ma vie ou j’ai quelque chose de spécifique à raconter, une humeur et un ressentiment à partager. Et j’ai envie de justifier mon choix par sa proximité avec ma vision actuelle.

Les histoires que j’écris ne sont peut-être pas des oeuvres qui changeront à jamais le monde ou qui chambouleront celles et ceux qui y pénètre. 

Mais elle me changeront, moi. Et c’est peut-être ça, être un conteur d’histoire.

Comment j’ai créé ma web-série ?

Une odyssée spatiale et créative

Cela fait maintenant près de six ans que je travaille sur un projet de web série. Mêlant images de synthèses et prises de vues réelles, la série dénombre aujourd’hui une demi-dizaine d’épisodes disponibles sur Youtube. Et j’écris cet article car je souhaite évoquer le travail que j’effectue en autodidacte depuis tout ce temps.

Extrait de l’épisode 6 de UNAI

UNAI raconte l’histoire de Unai, un enfant renard anthropomorphique et de Keeper, un humain. Tous deux sont à la recherche de l’Homeless, le centre de l’univers.

Mon objectif est de créer une relation père-fils entre les deux personnages. Chaque épisode a pour thématique une émotion, et a pour ambition d’approfondir leur relation. Chacun dure entre trente secondes et deux minutes.

UNAI a été réalisé en mélangeant prises de vues réelles et images de synthèses. Le character design se veut cartoon, pour se rapprocher de l’idée d’un Roger Rabbit.

L’univers est inspiré par le Petit Prince de Saint-Exupéry, mais aussi de Star Wars, Star Fox et Alert Spoiler.

J’ai réalisé ces courts métrages en alliant prise de vue réelles sur fond vert, puis j’ai incrusté mon personnage dans l’environnement 3D créé avec le logiciel Blender et rendu avec le moteur Cycles. J’ai créé beaucoup de versions du personnage de Unai. D’abord pensé comme un robot, puis comme un petit garçon à la peau bleue, je me suis arrêté à la forme d’un renard humanoïde car le rendu du pelage est vraiment intéressant, et permet de rendre le personnage palpable.

Au tout début, UNAI n’était pas une web série, mais une chronique dédiée au jeu vidéo. Je me retrouvais face à une caméra, dans ma chambre, en train de parler de jeu vidéo. L’idée était d’intégrer un personnage en image de synthèse. Une sorte de side-kick qui aurait pour but de faire sourire le public.

A ce moment, nous sommes en 2015, et je commence à me former en autodidacte sous Blender. Et la première chose qui me vient à l’esprit, c’est de donner vie à un object simple du quotidien: un lampe qui serait sur mon bureau et qui me jouerai des mauvais tours.

Hélas, l’idée ne me convient pas. Je revois mon ambition à la hausse en imaginant un enfant en 3D, avec qui je pourrais intérargir librement. Unai est né !

Le personnage de Unai dans une première version

Le personnage était un enfant à la peau bleu. Ses yeux sont blanc car je se veux pas lui faire des yeux à ce moment donné, ne sachant pas encore comment les animer. Les cheveux sont également blanc et la peau réagit différemment à la lumière.

Même si l’idée est bonne, le n’était pas assez organique. J’abandonne cette idée, mais je veux absolument poursuivre dans cette idée qui consiste à mettre en scène un jeune extraterrestre qui parle avec un jeune humain de jeu vidéo.

J’aime l’idée qui consiste à opposer deux personnages qui n’ont rien en commun, voire qui se detestent, mais qui partagent une même passion.

Je me décide alors à designer une première ébauche d’un personnage qui se rapproche du Unai actuel.

Unai sous forme de personnage poilu daté se septembre 2016

L’évolution de la modélisation du personnage

Dans cette itération, l’idée était de créer un personnage plus simple. Le douer d’un visage cartoon me permettait alors de faciliter le futur processus d’animation. Et s’éloigner du réalisme me permet alors de décompléxifier son mouvement.

Même si je ne suis pas satisfait par le personnage, je sens que je m’approche du but.

Mais une problématique se pose au niveau de son design. Je vois plus ou moins à quoi le personnage doit ressembler. Mais je n’ai pas d’idée sur la forme de que doit prendre son visage.

N’étant pas suffisamment doué à l’époque avec la modélisation Blender, je choisis de passer par la sculpture sur terre. Même si le résultat n’est pas vraiment à la hauteur, il a le mérite d’affiner ma vision du personnage.

Sculpture du visage de Unai version plus cartoon de profil

Sculpture du visage de Unai version plus cartoon de face

Sculpture du visage de Unai version plus réaliste de profil

Sculpture du visage de Unai version alternative

A cet instant, je comprends que le personnage devient plus palpable. La terre me permet de le toucher et de mieux visualiser son visage et sa personnalité.

Visage de Unai datant de septembre 2018

Le personnage est désormais modélisé. Il m’apparait comme une évidence. Alors que j’hésite entre un pelage blanc et un pelage roux, je me dit que j’ai envie de tester les couleurs d’un renard.

Tout me plait dans ce personnage avec les différents détails sur son pelage rendu avec Cycles, son air optimiste et amusé.

Je vais donc procéder à de multiples prises de vues test tout en imaginant à quoi ressemblerait le premier épisode.

Première ébauche — Unai regardant l’horizon

Les quatre premiers épisodes de Unai ont été écrits de manière procédurales. J’ai juste fait les scènes les une après les autres, sans savoir à quel moment j’allais finir l’histoire.

Comme je le disais précédemment, l’un de mes objectifs était de faire une chronique jeu vidéo. Mais alors que je m’approchais de la fin de chacun des épisode, j’étais embêté par le fait de parler de quelque chose sans être légitime. Je savais que je n’avais pas assez de vécu pour pouvoir évoquer l’histoire du jeu vidéo.

C’est pourquoi UNAI est devenu une web série. Sans jamais prononcer le mot “jeu vidéo”.

L’histoire du premier épisode raconte comment une créature se moque de son créateur d’une part, et d’autre part se veut un appel au voyage.

Unai dans le premier épisode

L’épisode 2, quant-à lui, se veut plus sombre. On y voit Keeper protéger Unai. Ma volonté était d’y installer une sorte de tension, même si le fond vert approximatif nous sort une fois de plus de l’immersion.

Dans UNAI #03, Unai montre ses talents de pilote à Keeper. Je voulais montrer la fierté de Keeper envers Unai, et présenter pour la première fois l’interieur du cockpit du vaisseau.

Dans l’épisode quatre, je voulais juste souligner le sentiment de solitude des deux personnages. Mais aussi présenter un début de confrontation: Unai grandit, et montre un caractère rebelle.

Du coup, je profitais des épisodes pour développer l’univers visuel. L’idée était alors de parler de la relation entre Unai et Keeper, en installant l’idée que Keeper protège son petit frère. Et Unai, lui semble avoir peur de Keeper dans l’épisode 2, puis être fier de lui présenter ses talents de pilote dans l’épisode 3. Dans l’épisode 4, qui est le plus court de tous, il exprime sa tristesse, et sa solitude. Keeper, lui justifie cette difficulté par le fait qu’il veuille le protéger.

L’idée est aussi de faire en sorte qu’à chaque épisode de UNAI, une émotion ressorte du visuel. Avec une colorimétrie propre. Et en analysant ces premiers épisodes, je ne peux m’empêcher de remarquer que les visuels sont de plus en plus sombres. Et l’univers de plus en plus triste.

Avec l’épisode 5, je fais un choix radical. Jusqu’à présent, le tout semblait plutôt sérieux. Mais j’ai envie de m’essayer à quelque chose de plus drôle. Et cette cinquième excursion dans UNAI va être un premier pas dans la comédie.

Jusqu’à présent, UNAI était voué à être une simple web série de science fiction cachée dans les entrailles de youtube. Cette aventure de Unai et Keeper renoue avec mes objectifs de départ: faire rire mon auditoire et faire une oeuvre burlesque.

Pour la première fois, un autre personnage que Unai et Keeper va enter en scène. Celui ci sera un antagoniste dont le design sera tout droit sorti du design des robots de Portal 2.

Autre révolution: l’épisode a été tourné en décor réel ! Tandis que l’ensemble des épisodes précédents avaient vu les plans de Keeper être tournés sur fond vert, celui-ci serait tourné en plein air.

Enfin, dernière révolution: le personnage de Unai lui-même. En effet, l’ensemble du squelette d’animation du personnage a été revu, avec un redesign au passage. Désormais, Unai n’est plus torse nu !

Unai version test avec rigg facial animé à la main

Unai avec test vêtement rouge

Unai avec test vêtement violet

De plus, son rig facial a été refait de manière à pouvoir intégrer un système de capture faciale, pour pouvoir animer le visage du renard de manière rapide en me filmant avec mon téléphone. Le tout est calculé pour que le faciès de Unai soit plus organique. Et en plus, je n’ai plus à animer chacune de ses interventions à la main !

Quand je vois l’évolution de mon travail, je me sens fier du travail accompli jusqu’à présent. A l’heure où j’écris ces lignes, l’épisode 6 est encore en cours de production. En levant les yeux, de temps en temps, je vois les visuels de UNAI qui prennent vie, frame après frame, scène après scène.

Je ne suis pas l’animateur le plus doué de ma génération, ni le gars le plus imaginatif qui soit. Mais créer UNAI me rend heureux.

Quand je vois Unai et Keeper discuter, c’est une partie de moi qui s’exprime. Et raconter leur histoire me fait le plus grand bien.

Leur prochaine aventure sera la plus ambitieuse à ce jour, et va complètement se reconnecter avec la fonction de base du projet: parler de jeu vidéo.

Oui, l’épisode 6 sera une chronique. Et sera un mêlange de fiction comme les épisodes précédent, mais aussi de chronique au format voix-off.

A chaque nouvelle image rendue, ma hâte de présenter l’épisode 6 grandit.

Unai et Keeper sont quelque part mes enfants. Je les ai créés et imaginés. Je les ai écrits et sculptés, modélisés et filmés.

Version retravaillée de la scène 01 de UNAI #01 – Bienvenue dans mon univers

Les voir s’animer à chaque épisode sous une nouvelle forme me rempli d’ivresse.

Pour moi, ces personnages sont l’image même de la liberté.

William-Arno CLEMENT